Tsippi Fleischer (née en 1946, Israel)

Tsippi Fleischer née à Haifa, compte parmi les compositeurs israéliens formés en Israel. Elle termine en 1967 ses études à l'Ecole d'Enseignement de la Musique de Tel-Aviv ou elle rejoint aussitot les rangs des enseignants. En 1970, elle achève ses études à l'Académie Rubin de Jérusalem avec un diplome de théorie de la musique et de composition musicale.
 
 

Licenciée d'hébreu, d'Histoire du Moyen-Orient, de langue et de littérature arabe, elle prépare de 1970 à 1976, une maitrise de linguistique en langues sémitiques à l'Université de Tel-Aviv et une maitrise d'enseignement musical à l'Université de New York.

Tsippi Fleischer est un excellent professeur; plusieurs de ses étudiants sont aujourd'hui des compositeurs et des chefs d'orchestre connus. Nous lui devons une contribution importante dans le domaine de l’éducation et de la composition. Parmi ses initiatives, le groupe « Compositeurs sur les traces de leurs racines » (1982-1985), les forums de la chanson hébraique (1992-1996), un kit interdisciplinaire destiné aux éducateurs dans les domaines de la bible, de l’art et de la musique suite à la scène d’opéra (de son cru), « Le jugement de Salomon » et autres cédéroms dont elle est l’auteur et qui sont accompagnés de magnifiques livrets à orientation académique et pédagogique.

 
    Fleischer contribua grandement à l’idéologie de la composition musicale et de l’éducation musicale en Israel, cette meme idéologie ultime qui relie par synthèse l’orient et l’occident et est dotée d’un profond pacifisme. Elle  a éduqué de nombreuses générations de jeunes musiciens devenus célèbres. L’étude de la chanson hébraique comme reflet de la démographie et de l’histoire de son peuple lui est primordiale. Actuellement, elle s’investit dans les conclusions de sa recherche et leur publication sous la forme de quelques ouvrages de référence et de monographies.


Son art

Tsippi Fleischer, brillante femme compositeur, est connue pour son esprit créateur et novateur. Nourrie du pluralisme culturel de le terre d'Israel, elle marie dans ses oeuvres sa connaissance intime des diverses cultures indigènes de son pays au riche bagage de culture occidentale acquis durant ses études.

Elle a choisi d'enrichir son univers musical par les apports culturels populaires de la région. Elle n'hésite pas à aborder tous les genres et, parmi ses compositions, figurent des oeuvres pour le théatre, le ballet et la radio. Grace à son riche bagage, musical, elle peut donner libre cours à ses talents créateurs dans des styles et des techniques de composition divers et s'essayer à des synthèses qui engendrent des harmonies originales.

Tsippi Fleischer est parfaitement avertie des implications politiques de son activité créatrice; elle évite cependant délibérément les textes politiques et se consacre à des poètes lyriques, plutot introvertis comme Al Hansa, poète arabe du XVIIe ou Elsa Lasker-Schuler. Tout en évitant les textes purement politiques au profit de l'ambigu lyrique, elle n'hésite jamais à proclamer son message de paix et de coexistence entre peuples de la région, entre peuples du monde.

Tsippi Fleischer a traduit la poésie arabe en langage de musique contemporaine, réalisant une synthèse originale entre Orient et Occident dans le champ de la musique artistique. Ce fut une grande première. En effet, si une tradition moderne s'est déjà instaurée dans la poésie arabe contemporaine, aucune tradition musicale équivalente ne s'est encore élaborée.  Et c’est elle, musicienne israélienne, et non arabe, qui a accompli cette tache, en choisissant 4 poèmes arabes contemporains, en les combinant en un cycle vocal, en créant son propre thème dramatique à partir de l'effet de leurs paroles.

Sa sensibilité à la couleur et à la sonorité a été comparée à celle de Maurice Ravel et de George Crumb. On retrouve dans son style musical, trois grandes caractéristiques : un exotisme à tendance historique et géographique qui s’entremele à un localisme réel du présent moderne ; une expérience inconsciente féminine et maternelle qui apparait dans une inspiration chimérique à la frontière entre réalisme et surréalisme et enfin un riche kaléidoscope de langues et de sonorités acoustiques. Le travail de Tsippi Fleischer vient clore trente ans de créations qui reflètent des  courants panachés, essentiels à la dynamique de la création contemporaine musico-scénique en Israel et dans le monde entier. L’ensemble de ses oeuvres est enregistrée dans des maisons de disques internationales telles qu’Aulos, Opus One, Vienna Modern Masters et diffusée par des stations de radio en Israel et à l’étranger. Ces cédéroms appellent ensemble à la beauté de l’expression musicale de la compositrice par des camaieux divers et une spécificité authentique. L'une de ses qualités marquantes est son aptitude à l'engagement simultané dans des domaines apparemment dissemblables.



Ses oeuvres autour du monde (partiel)

Grande voyageuse attirée par les beautés du folklore, elle ne cesse d'organiser en Israel des concerts de musique contemporaine. Ses oeuvres sont régulièrement interprétées par l'Orchestre Philharmonique Junior d'Israel, par le Choeur National « Rinat » et quelques-uns des meilleurs musiciens du pays. La plupart de ses oeuvres ont déjà été exécutées à New York et dans plusieurs villes d'Europe. Sa musique réussit à toucher des auditoires en Israel et à l'étranger. Les Miniatures pour solo de violoncelle ont eu beaucoup de succès au Festival international de Cannes (1981). En 1987, ses oeuvres en collaboration avec la danseuse-chorégraphe Ruth Eshel ont eu un grand succès au Canada. En 1988, Lamentation a été joué à Dusseldorf et Bremen en Allemagne et un nouveau CD de ses oeuvres vocales a vu le jour. La première du cycle de chants Fillette Papillon Fillette a eu lieu à Londres en octobre 1988 et a été suivie de concerts à Paris et Amsterdam. En 1989, nombre de ses oeuvres ont été interprétées aux Etats-Unis. En février a eu lieu au Merkin Concert Hall de New York un concert consacré à la musique de chambre de Tsippi Fleischer. La meme année, le programme de la Chorale Rinat en tournée aux Etats-Unis comportait ses Six madrigaux sur des Paysages d’Israel. Fin 1989, le Cercle Bernard Lazare de Paris donnait en première audition sa « Ballade » qui fut ensuite enregistrée à l'IRCAM. La chorégraphe Anna Sokolav lui a commandé la, musique de son ballet Chant de la Makpela, une oeuvre qui transpose dans l'antiquité le conflit israélo-arabe et met en jeu Abraham, Sarah, Agar, Isaac et Ismael.
Au cours des  dernières années, plusieurs orchestres d'Allemagne ont donné diverses interprétations et versions du poème symphonique  Une jeune fille nommée Limonade, de Lamentation, et du cycle de chants, Fillette Papillon Fillette.  D'autres oeuvres exécutées en Israel n'ont pas encore atteint le public international.

Son oeuvre a atteint son apogée avec des oeuvres composées à la fin des années 80 pour des textes en arabe littéraire. La plus remarquable est la cantate Comme deux branches, sur un texte de Hanse, poétesse bédouine du VIème siècle de l’ère chrétienne. Fertilité et abondance créatrice explosent dans les années 90 et s’expriment par des textures musicales audacieuses inspirées des espaces sémitiques précédents et lointains. L’auditeur perçoit les paysages sonores et les anciennes langues sémitiques, les paysages imaginatifs et le caractère dramatique de l’etre humain et de la femme qui créent, conjointement, un panorama émouvant et palpitant. Ce meme paysage local de l’orient méditerranéen sémitique dans le langage d’avant-garde, et cette meme empreinte féminine, personnelle et originale, qui caractérisent l’oeuvre de Fleischer, c’est cela meme qui a contribué à sa reconnaissance internationale à si grande échelle. La composition de symphonies et d’opéras qui s’est clairement dessinée dans les années 90 a pris un essor supplémentaire dans les années 2000.

Dans le domaine de l’opéra, pour faire suite à l’opéra de chambre Médée (1997 - Première mondiale en Israel puis présenté pour la première fois en Europe en 2004 à Cologne), nous trouvons le Grand opéra de chambre Cain et Abel (2002 – Première mondiale en Israel, présenté pour la première fois en Europe en 2005 à Vienne).

Fleischer continua de créer dans la veine du grand opéra. En octobre 2004, le cédérom « Tsippi Fleischer - Symphonies I-V » est publié par la Vienna Modern Master (n° cat. 3056), « Fillette – Papillon – Fillette - Voyage autour du monde » (2005) et « Tsippi Fleischer - Lieder – double album » – (2009).

Bibliographie :
Vocal Music LP (1986)
Ariel Articles de journal (1989)
Amnon Shiloah (Article) (1990)
International Bulletin of Choral Music (Namur) “Like two branches” (1996)
Journal Alphabets (Nice) (2008) Interview de Rina Viers Adapa (grand opéra en cours de composition)